Recommandations
Voici une série de cinq recommandations visant à vous orienter dans le choix de vos actions pour l’élaboration d’un code d’éthique avec vos élèves.
Mettre les élèves dans le coup dès le début de l'année
Mettre les élèves dans le coup signifie de les impliquer dans la réflexion à propos des règles (qu’elles soient déjà existantes ou non). Selon le contexte (mode d’apprentissage à distance, en présence, hybride ou bimodale), le cadre normatif est appelé à être changeant ou varié.
Il y a lieu de croire que les élèves adhèrent plus aisément, sciemment et de manière plus assumée à un code qu’ils ont contribué à élaborer.
Bien que l’exercice puisse être réalisé à tout moment, le début d’année est à privilégier car l’engagement réciproque qu’il nécessite contribuera à créer une atmosphère de collaboration, de cohésion et de confiance dans la classe. Il envoie le message à l’élève que son sens des responsabilité peut être mobilisé au-delà de la simple obéissance.
Le mot d'ordre: agir en amont
Réfléchir sur le sens des règles
Pour assurer une meilleure adhésion des élèves à un code d’éthique, il est impératif que ceux-ci accordent un sens aux règles qui le constituent.
Plus grande est la signifiance d’une règle, plus important sera l’engagement vis-à-vis celle-ci.
Réfléchir au sens d’une règle peut nous amener à soupeser une variété de critères : le contexte dans lequel elle est appliquée, le fait qu’elle favorise ou non le bien-être collectif, l’impression que le groupe retire davantage de gains que de pertes par son application, etc.
De plus, comprendre le sens d’une règle et les raisons derrière sa mise en place peut contribuer...
à la régulation des élèves entre-eux
pour certains, à une autorégulation
C’est donc un travail en amont de l'élaboration d’un code d’éthique qui peut décupler son efficacité.
Viser l'élaboration de règles concrètes
Une règle concrète sera formulée de façon claire et ne laissera pas de place à l’interprétation. Elle rendra explicite le comportement attendu par l’enseignant•e, et les bénéfices liés à son application seront tangibles. Parler de comportement attendu renvoie à l’importance que l’on doit accorder à la formulation de la règle.
En effet, on a à gagner qu’elle soit énoncée de manière positive, et donc qu’elle mette en valeur ce que l’on souhaite que l’élève fasse plutôt que ce qu’il ne doit pas faire. Une fois formulée de cette manière, la règle peut aisément faire l’objet d’un enseignement explicite par lequel l’enseignant nomme, explique, fait une démonstration et amène les élèves à pratiquer « au même titre qu’on enseigne la lecture, l’écriture, les mathématiques » (Steve Bissonnette, La gestion des comportements, 2019). Les recherches sont claires : lorsqu’il y a interdiction, les jeunes trouvent des façons de la contourner.
« règle ne signifie pas interdiction »
Thierry Karsenti (2019)« l’idée n’est pas de savoir comment je peux bloquer mon élève, c’est comment je peux l’amener à contribuer de manière constructive. »
Clément Lemaitre-Provost, enseignant au primaireRéfléchir aux modalités d’application d’une règle
Une règle n’est opérationnelle que si elle va de pair avec la façon dont elle est appliquée dans un contexte donné. Il importe donc de réfléchir non seulement aux règles qui constituent un code d'éthique, mais aussi aux modalités de leur application.
Quelles conséquences seront appliquées en cas de non-respect ?
Qui interviendra ? Les conséquences sont-elles logiques ?
Sont-elles proportionnelles à l’acte ?
Car si les élèves ont l’impression que leur code d’éthique est appliqué de façon arbitraire ou que les conséquences liées au non-respect d’une règle sont déraisonnables (parce qu’incohérentes ou disproportionnées), grandes sont les chances qu’il ne rencontre pas l’intention première de sa mise en place.
Garder en tête que les règles sont flexibles
Une fois instaurée, une règle vivra. Les élèves se l'approprieront, il la défieront peut-être, apprendront à apprécier sa raison d'être, la réguleront eux-mêmes. Dans tout ce processus, il demeure important de garder en tête qu’un code d’éthique existe pour assurer le bon fonctionnement du groupe et que le nombre de règles qu’il contient doit être restreint à l’essentiel.
Il y a donc lieu de privilégier la qualité des règles (s’assurer qu’elles sont opérantes dans un contexte donné) plutôt que leur quantité.
C’est pourquoi prendre le temps de le réévaluer de temps à autre s’avère pertinent. Si le comportement qu’une règle sert à réguler est acquis, la règle n’a plus la même pertinence. Si le contexte change, les règles doivent pouvoir être adaptées à cette nouvelle réalité. Il pourrait donc être pertinent de prévoir des moments, en cours d’année scolaire, pour discuter du code d’éthique élaboré par le groupe.
Quelles règles présentent toujours des difficultés ? Lesquelles sont intégrées et pourraient être remplacées ? Lesquelles ne cadrent plus avec le contexte?
Cela permettra aux élèves de revoir le sens du cadre qu’ils se sont donné et d’en revisiter la pertinence.